Le placement de valeurs patrimoniales est une affaire très personnelle, qui s’accompagne souvent aussi de toute une série d’émotions. Quand les marchés tendent à la hausse, l’investissement fait plaisir. Par contre, quand les fluctuations deviennent importantes et que des corrections surviennent, le regard sur le portefeuille suscite crispation, frustration, voire stress. Nous avons prévu une série d’articles pour décrire quelques-uns des pièges psychologiques les plus fréquents dans lesquels tombent les investisseurs :
Pour permettre à nos clientes et clients d’éviter ces pièges, nous soulignons souvent dans nos entretiens avec eux que la réussite d’un investissement dépend de trois facteurs fondamentaux: une analyse sobre et fondée des opportunités et risques des marchés financiers, une stratégie d’investissement appropriée et, surtout, une grande discipline dans la mise en œuvre de cette stratégie. C’est en prenant conscience de ces liens de cause à effet et en choisissant en conséquence la solution de placement adéquate que l’on peut créer les conditions requises pour un succès à long terme de ses investissements.
Pièces psychologiques pour les investisseurs : Des sentiments Changeants
- Au cours de ces 10 dernières années, marquées par de fortes fluctuations des marchés, tous les investisseurs ont été ballotés par des sentiments changeants..
- L‘intuition n’est pas de bon conseil dans l‘investissement.
- Une prise de conscience des comportements irrationnels manifestés dans le cadre
des placements permet d‘éviter ces pièges au moyen de mesures appropriées.
Si l’on examine le marché suisse des actions, à l’aune de l’indice SMI (Swiss Market Index), on observe une évolution en dents de scie ces 10 dernières années (voir illustration). A 2500 points en 1994, l’indice directeur suisse, dopé par le boom du secteur de l’informatique et des télécommunications, a franchi les 8500 points avant de se replier à un peu plus de 3500 points en 2003, après l’éclatement de la bulle Internet. Avec le début de la guerre en Irak, les investisseurs se sont ensuite tournés vers les marchés d’actions. Porté par une politique monétaire accommodante et par le boom de l’immobilier aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays, suite aux excès en matière d’octroi de crédits, le SMI s’est inscrit en hausse jusqu’en 2007, tout comme les marchés d’actions internationaux, atteignant un nouveau plus haut, à environ 9500 points. La période de «crise financière» qui a suivi est encore présente dans tous les esprits: le SMI s’est effondré, à plus de 4000 points, cédant plus de 50%. Depuis 2009, nous avons connu une ascension fulgurante; le niveau a doublé à quelque 8000 points.
Les investisseurs agissent souvent de manière émotionnelle
Au cours des 10 dernières années, marquées par de fortes fluctuations des marchés, tous les investisseurs ont été ballotés par des sentiments changeants.
Mais malheureusement, on observe également, et avec la même régularité, que l’intuition n’est pas la meilleure conseillère en matière d’investissements.
Au cours des 10 dernières années, marquées par de fortes fluctuations des marchés, tous les investisseurs ont été ballotés par des sentiments changeants. Ces sentiments vont de l’optimisme jusqu’à l’euphorie, lors des périodes de hausse, de 1996 à 2000 et de 2004 à 2007, à la peur, à la panique et à l’abattement, lorsque les marchés financiers se sont trouvés au cœur de la crise financière, entre l’automne 2008 et le printemps 2009.
On constate encore et toujours que les investisseurs se laissent fortement influencer par leurs émotions. Mais malheureusement, on observe également, et avec la même régularité, que l’intuition n’est pas la meilleure conseillère en matière d’investissements. Au contraire, les investisseurs guidés par leurs émotions ont souvent tendance à prendre de mauvaises décisions, voire à adopter des comportements tout à fait irrationnels. La recherche économique a longtemps ignoré cette réalité, tandis que les approches basées sur des modèles économiques, qui visent à expliquer l’évolution des marchés financiers et les prises de décision, ont longtemps reposé sur le postulat selon lequel les investisseurs sont parfaitement rationnels et prennent leurs décisions sans tenir compte de leurs sentiments. Ce n’est qu’à partir du milieu des années 1970 qu’un nouveau courant économique a commencé à émerger. Avec l’avènement de la «finance comportementale» («behavioral finance»), des économistes et des psychologues ont commencé à intégrer des découvertes faites dans le domaine de la psychologie et des neurosciences dans leurs approches pour expliquer le comportement des acteurs des marchés financiers.
Grâce à des expériences ciblées, ce domaine de recherche a mis en évidence une multitude de modèles comportementaux partiellement irrationnels et flagrants, qui ne peuvent être explicités que par des approches psychologiques, et non pas par le modèle traditionnel de l’«homo economicus».
Nous nous intéresserons par la suite aux principaux modèles comportementaux. Ce faisant, nous verrons que l’homme est sujet à des erreurs de nature cognitive, car en général nous oscillons entre deux systèmes de prise de décision, entre, d’une part, un comportement rapide et intuitif et, d’autre part, un processus de prise de décision lent et réfléchi. Nous montrerons par ailleurs que l’homme tend à enjoliver les choses. Nous avons en effet souvent tendance à attribuer nos succès (économiques) à notre aptitude, et nos échecs (économiques) au hasard ou à des facteurs externes. En revanche, l’investisseur conscient des écueils psychologiques devrait être en mesure, en prenant des mesures appropriées, d’éviter les mauvaises décisions, et d’obtenir de meilleurs résultats d’investissement sur le long terme.